Cette histoire de kidnapping m'avait affecté plus que je ne l'aurais anticipé initialement, il faut dire que je n'avais pas pris la menace au sérieux et ce fut probablement là ma pire erreur dans cette histoire. Plusieurs personnes de mon entourage n'hésitèrent pas à me faire la morale me remettant ma négligence sous le nez.

Bien que je tentais d'oublier cette folle histoire je n'étais pas sans en ressentir certaines séquelles, d'ailleurs c'est pourquoi j'avais été contraint de passer quelques semaines à l'hôpital mais étant l'entêté que je suis je finis par prendre la décision de prendre le large et de quitter malgré l'avis contraire du personnel médical. J'en avais marre et j'étais désireux de reprendre le contrôle de ma vie.

J'étais maintenant sorti depuis, tout au plus , quelques jours et je peinais à reprendre mes activités professionnelles … il faut dire que je revoyais toujours ces images qui me restaient en tête … celles de mon kidnappings et de ma période de captivité. Histoire de me changer les idées  je décidai d'aller faire un tour du côté du centre-ville et je finis par m'arrêter au Starbuck.

Installé à une table , sirotant mon café, je ne fus pas sans remarquer la présence de deux personnes en pleine discussion … l'une d'entre elles étant Sloane. Alors inspecteur Farewell vous ne seriez pas entrain de me filer le train? Bien entendu je la taquinais.

On disait souvent à mon sujet que j'étais naïf, voir même inconscient, et que l'insouciance dont je pouvais faire preuve allait finir – tôt ou tard – par me mettre dans une merde pas possible. D'une certaine façon, bien que je n'accordais pas le moindre crédit à ces avertissements de mes proches, l'avenir ne fût pas sans leur donner raison. Avec le recul je ne pouvais que réaliser à quel point j'aurais eu intérêt à prendre acte de ces conseils plus qu'avisés mais le jeune homme borné que j'étais se refusais à faire le moindre compromis en ce sens.

Bien entendu je ne mettais nullement en question ma manière d'agir, si c'était à refaire je ne changerais absolument rien … après tout ce qui m'était arrivé se voulait l’œuvre de quelques dingues j'aurais tort de laisser quelques tarés me dicter comment je devais vivre ma vie.

Parlant de ma vie c'est justement pour en reprendre le contrôle, dans les plus brefs délais, que je décidai de quitter l'hôpital. Certes le personnel n'hésita point à tenter de me ramener à l'ordre … histoire de me faire comprendre l'aspect irréfléchi de ma décision mais je ne partageais pas leur point de vue. Tout ceci n'étant maintenant qu'un lointain souvenir je tentais de passer à autre chose et c'est ce qui m'incita ce matin à venir me balader en ville et à m'offrir un moment de répit au Starbuck.

Lorsque vous êtes écrivain vous apprenez à observer notant les moindres détails, même ceux vous semblant les plus anodins, c'est ce qui m'emmena à réaliser que la jolie inspectrice était dans les parages et qu'elle n'y était pas par hasard. Moi vous en vouloir? Absolument pas … vous ne faites que votre travail après tout. Rassurez-vous ils ne frapperont pas une deuxième fois. C'est ce que je me disais mais il était vrai que je n'étais pas un exemple de prudence.  Je rigolai à son allusion. Je serais même ravi de passer un moment en aussi charmante compagnie.

Je lui souris lorsqu'elle me dit ne pas apprécier le fait que les gens qu'elle doit protéger en vienne à la détester d'une certaine façon je pouvais aisément la comprendre mais d'un autre côté il fallait vachement être déconnecté de la réalité pour en venir à croire que nous pouvions faire l'unanimité. D'une certaine façon je crois que nous désirons tous se sentir apprécié. Elle ne manquait pas d'humour, c'était rafraîchissant. Je lui souris de nouveau lorsqu'elle tira une chaise afin de s'installer face à moi.

Je ne fais que souligner l'évidence. Je n'avais pas l'impression d'avoir usé de mon sens inné de la flatterie mais d'une certaine façon il était vrai que ce talent qui était le mien, dans l'art de manier les mots, ne pouvait que me conférer un avantage plus que marqué comparé au commun des mortels. Je crois qu'il ne faut pas trop se prendre la tête avec cette histoire … c'est tout simplement un cas, assez pathétique, de psychologie inversée. Des fans s'identifiant à un personnage, vivant la vie du personnage comme s'il s'agissait de la leur, qui n'ont pas appréciés la fin qu'a connu leur favoris. Je pris une pause , portant ma tasse à mes lèvres. C'est courant dans l'industrie mais peu de fans portent leurs menaces à exécution. D'une certaine façon je semblais vouloir me montrer totalement détaché de ce qui venait de m'arriver … mon impressario m'avait vertement sermonner à cet effet. Je vous offre quelque chose?

J'appréciais le fait qu'elle se montre aussi compréhensive à mon égard bien que la situation se voulait complexe. Certains semblent peiner à faire la nuance entre la réalité et la fiction c'est malheureux. Je lui souris lorsqu'elle m'incita à ne pas baisser les bras … elle prêchait à un convaincu je ne comptais pas abdiquer. En fait si j'abdiquais ça serait , d'une certaine façon, laisser ce genre de personne croire qu'ils ont de l'emprise sur moi et je m'y refuse. Je lui fis un sourire en coin, un brin narquois. D'ailleurs je crois que ça va m'inspirer une histoire. J'avais effectivement une idée derrière la tête … un truc qui risquait de s'avérer assez prometteur. Je lui souris de nouveau lorsqu'elle me démontra de l'intérêt. Je serais plus que ravi de vous montrer un aperçu de mon travail. Évidemment je n'allais pas lui montrer ce que j'avais en développement puisque le tout était sous le sceau de la confidentialité mais j'étais prêt à lui montrer de vieux scripts si elle le désirait.

Voulant me montrer aimable je lui avais proposé de prendre quelque chose, proposition qu'elle balaya du revers de la main. Je comprends. Ses arguments étaient valables et puis avec mon état de santé je savais pertinemment que la caféine pouvait avoir des effets non négligeable sur la santé des gens. Je m'en voudrais d'etre responsable d'une crise d'insomnie. Bien que je plaisantais je n'en pensais pas moins chacun des mots que je venais de lui adresser.

Je ne pus que réprimer un léger sourire à son allusion selon laquelle, du moins par moment, l'amour pouvait être de nature à faire des miracles. Peut être mais je suis d'avis que dans le cas qui nous intéresse l'amour n'y est pour rien. Quoi que au nom de l'amour bien des gens font des conneries. J'ai déjà eu un ami qui s'était laissé impliquer, bien malgré lui, dans une embrouille uniquement pour les beaux yeux d'une charmante demoiselle alors cette théorie était plus que plausible.  Passant ensuite à autre chose je ne pus que me montrer amusé par sa curiosité. C'est possible, faut simplement que je vérifie si certains trucs, du moins pour le moment, ne sont pas visé d'un interdit. Le monde de l'écriture en est un ponctué de secrets.  Je la regardai lorsqu'elle me remercia pour ensuite me dire qu'elle n'avait que très peu de moments de répit. Mais de rien c'est tout naturel et puis je suis ravi de pouvoir vous offrir l'opportunité de vous changer les idées.

Elle me fit sourire lorsqu'elle se permit de faire un constat , plus qu'hypothétique, sur la qualité de mon sommeil. En fait il ne m'arrive que très peu souvent de m'offrir une nuit de sommeil digne de ce nom. Je la regardai avant de reprendre. Il faut dire que les gens de ma profession, du moins ceux que je connais, sont des grands insomniaques et je ne suis pas différent d'eux. Je souris amusé par la situation. Il m'est difficile de dormir lorsque l'inspiration vient me titiller. Dans ces situations je me lève, je m'installe devant mon ordinateur et j'écris. Le temps que je ne puisse réaliser quoi que ce soit il fait déjà jour. Il m'arrive de dormir de longues nuits mais c'est plutôt rare.

Peut être est-ce naïf de ma part mais je ne crois pas que les gens peuvent réellement changer uniquement pour plaire à quelqu'un, j'ai l'impression qu'un changement pouvant affecté notre personnalité se doit de reposer sur quelque chose de plus concret et dont les motivations ne risquent pas d'être éphémère. De toute façon le vrai sens de l'amour et d'accepter l'autre tel qu'il est, du moins c'était la vision à laquelle j'adhérais. Je lui souris lorsqu'elle me proposa de signer un document ou elle s'engageait à respecter la confidentialité. De toute façon je suis un rebelle dans l'âme, certaines règles sont faites pour se voir contournées. Bien sur les producteurs de la série ne risqueraient pas d'approuver mais je m'en foutais. De rien. Lui dis-je alors qu'elle venait de me remercier.

Tout à fait. Je n'étais pas le type d'homme le plus discipliné par moment je semblais davantage vouloir brûler la chandelle par les deux bouts que de réellement vouloir prendre soin de moi … d'ailleurs mon entourage me réprimandait souvent à cet effet. L'imagination est une perverse, une véritable tordue, elle s'amuse à vous titiller l'esprit disposant de vous à sa guise. J'étais amusé par cette figure de style que j'avais utilisé afin de dépeindre ma vision de l'imagination et de cette force créatrice qui par moment semblait s'amuser à me torturer. Je ne fus pas sans être étonné de sa question mais elle se voulait plus que pertinente. Et bien je ne me sépare jamais de mon ipad, d'ailleurs il est dans mon sac. Je ne suis pas un de ces écrivains traditionalistes qui mets tout sur papier. Faut savoir être de son temps. J'éclatai de rire suite à cette remarque qui se voulait une flèche lancée à l'endroit de certains auteurs rétrogrades que je ne connaissais plutôt bien.

Sloane n'était pas qu'une belle femme, oh que non, au delà de son apparence plus que sexy il y avait une dimension que peu de gens semblait avoir remarqué … soit celle d'une femme sachant faire preuve d'esprit et ce détail ne m'avait pas échappé. La belle n'était pas sans éveiller en moi un certain intérêt c'est ce qui m'avait incité à accepter sa proposition.

Me dirigeant vers la rue j'eus l'impression de figer en entendant un bruit de moteur, sans doute un souvenir inconscient, c'est alors que la charmante inspectrice posa sa main sur mon bras afin de me rassurer. Je suis ravi que le pourboire lui ait plu. Je ne voulais pas l'embêter avec mes tourments et c'est alors qu'elle me proposa de couper par le parc prétextant que nous y serions beaucoup mieux. Bien entendu, pourquoi pas. Je lui souris, glissant mon bras afin de m'emparer du sien, et c'est alors que nous nous dirigeâmes en direction du parc et de ce sentier qui le traversait.